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lundi 6 septembre 2010

Les vacances, c'est vraiment fini, snif !

Hé oui, c'est la rentrée.
Bon on ne va pas en faire toute une histoire, ni vous pondre un roman sur la question.

En revanche, un feuilleton... Même d'été...

Voici donc la livraison du dernier épisode du feuilleton estival de Béatrice Nodé-Langlois.

Manière symbolique de clore l'épisode vacances.

Et remarquez comme le Hang'art pratique avec aisance et talent les correspondances artistiques :
du Berlin, du Berlin et encore du Berlin, mais à chaque fois avec un regard différent.
Le regard. La vision.
Finalement, qu'est-ce qu'un artiste, si ce n'est quelqu'un qui a une vision ?

Je vous laisse méditer la question:) et lire la fin de Hier à Berlin.

Bonne lecture,

Bonne rentrée, ou plus précisément bonne après-rentrée puisque la rentrée, maintenant, c'est du passé !


« Hier », à Berlin. Episode 5, fin


(rappel des épisodes précédents : en visite à Berlin, la narratrice découvre qu’on y écrit « hier » pour dire « ici ». Elle vagabonde au hasard, visite quelques grands musées, puis, en suivant des guides, en arrive à l’art dit « contemporain »)


Tout bien vu, moi, ce qui m’a spécialement... comment dire ? touchée ? frappée ? soufflée ? en matière d’art dit « contemporain », c’est un concentré d’histoires et de l’Histoire. Le bunker Boros, siège de la collection Boros. Une vague allure d’antique temple maya. Mais un authentique et gigantesque bunker de béton bleu, élevé en 1942 par les équipes d’Albert Speer, l’architecte d’Hitler, pour protéger des bombardements alliés entre 2000 et 5000 Berlinois. En 1945, après la défaite allemande, il est transformé en prison pour anciens nazis. En 1957, sous occupation soviétique, il devient le « Bunker-Banane », un immense dépôt pour les fruits et légumes importés de Cuba. La réunification de l’Allemagne en 1990 en fait un mauvais lieu par excellence - celui de la techno, de la drogue, du sexe et de la SM. Jusqu’à ce qu’en 2003, un milliardaire excentrique, pas loin de se prendre pour une incarnation de Goldfinger, le publicitaire Christian Boros, né en Pologne, le rachète. Cinq années de travaux, et, depuis 2008, ce bunker de 5 étages comprend, sous un penthouse avec piscine à son sommet, 3000 m2 pour exposer une collection d’art contemporain. « Ici, on ne sait pas bien ce qui vient de la guerre, et ce qui vient des artistes » souligne la jolie Française archi-diplômée qui nous présente ce bunker et sa collection.

... il y aurait tant à ajouter !


Sous mes paupières


Des milliers d’autres images se pressent encore sous mes paupières. Ainsi à l’hôtel, le dernier jour, la salle du petit déjeuner, pleine de jeunes policiers, tee-shirts noirs blasonnés Polizei et pantalons noirs ceinturés d’armes – pistolets, matraques, menottes, étuis divers.


Le baraqué qui est venu s’asseoir en face de moi avait l’épaule massive. Et le visage droit, régulier et ferme. J’ai pris plaisir à noter la douceur et l’attention qui s’inscrivirent dans ses yeux et ses doigts pendant qu’il se tartinait de beurre une moitié de petit pain, y superposait des rondelles de concombre, de saucisson rouge et d’œuf dur, y ajoutait, en sens contraire, d’autres rondelles d’œuf dur, de saucisson rouge et de concombre, et fermait son sandwich avec un second demi petit pain beurré. Un peu après, je l’ai regardé mélanger dans un bol, sans en rien laisser tomber, un yaourt, un peu de lait, de la salade de fruits et des céréales. Sa maman aurait été contente.

Dans un voyage placé sous le signe de l’art dit « contemporain », c’est une affaire de regard, tout y devient vite installations. Récupérations. Mise en scènes. Photos géantes. J’ai vécu mon face à face avec ce policier soigneux comme une vidéo grandeur nature...


Et comment ne pas voir une autre forme d’art dit « contemporain » dans le bizarre salmigondis de texte que m’a proposé Internet quand j’ai cliqué sur « translate » devant un texte allemand ?

« Christian Boros week-end dernier invité à l'avant-première exclusive de son musée privé de nouvelles dans le bunker de Berlin. La clique internationale d'art a été ravie. Donc, à couper le souffle de l'art contemporain a été présenté rarement. Il a été un couronnement - et pas seulement un complément glamour plutôt cassant Berlin Biennale. Il a été l'aboutissement d'un rêve triomphant fous les collectionneurs : endroit frais, dans le bunker contemporaine nazis monstrueux et que j'ai mis le gâteau sur le dessus de celui-ci ni le Pavillon de Barcelone.

Lorsque afflué samedi soir avec une légère bruine belle, riche et puissant de l'art avant l'immense bloc de béton dans le Reinhardtstraße, nous avons examiné maussade visages. Beaucoup ne sont probablement pas l'habitude d'avoir à affronter la queue jusqu'à ce qu'un videurs larges épaules eux après un examen approfondi de la liste des invités à l'admission accordée

dernier »


Allure burlesque et poétique

Quelle performance, certes, de la part d’une machine dite « intelligente » que de produire ce dégueulis de mots en une fraction de minute ! D’accord aussi : on peut y relever quelques joyeusetés d’allure burlesque et poétique - mais quand même, comme dirait Cervantès, que pena !


Je garde un murmure dans les oreilles - « Je ne peux pas vivre sans toi... Tu as entendu ma déclaration d’amour ? » - quand la jeune femme qui, quatre jours plus tôt, était assise à côté de moi en avion me confie qu’il lui a manqué quelque chose dans la grande machinerie d’art contemporain que nous venons de parcourir.

Elle dit que c’est : « le cœur et le sentiment ». Je dirais

plutôt : « l’humain »...


Mais est-ce si différent ? Ne sommes-nous pas, elle et moi, en train de réaliser combien tant de dérision, de savoir faire, et d’expertise en communication nous ont peu marquées, quand on les compare à la chaleur et aux tiraillements de nos quatre jours de vie en groupe... à ce que nous a fait éprouver, sans commentaire ni mode d’emploi, un métro désuet qui a dû connaître la RDA... à la splendeur des corps, même souffrants, et même tronqués, déployée au Pergamon et à l’Alte Muséum... voire, au désarroi panique manifesté dans un Musée Juif construit à l’image de ces éclairs volontaristes et foudroyants qui mettent notre humanité en perte d’équilibre, de cohérence, et d’avenir ?


Béatrice Nodé-Langlois mai-juin 2010